Aux confins de la Vienne, non loin des Deux-Sèvres, le gothique flamboyant et l’art de la  Renaissance cohabitent au château de Ternay.

Se dressant devant nous, le château de Ternay a été construit sur d’anciennes fondations carolingiennes datant du VIIIe siècle. Terminé en 1451 par Bertrand de Beauveau, cet édifice a été maintes fois remanié au fil des siècles et des modes, passant d’un château défensif à un château-résidence et d’agrément.

Histoire. Grâce aux faits d’armes, à sa carrière de diplomate et de créancier, Bertrand de Beauveau amasse une fortune considérable qui permet la construction de son château à Ternay à partir de 1439. De forme d’un quadrilatère irrégulier renfermant une cour intérieure, le tout entouré d’un large fossé et d’une muraille, ce château permet d’appréhender les évolutions stylistiques et architecturales de la fin du Moyen-Âge, et du tout premier temps de la Renaissance. Durant les guerres de Religion en 1569, Claude de Beauveau, assassine son voisin catholique Jacques d’Arsac et le pille de toutes ses possessions. Après 24 ans de procès, Claude est condamné à mort par contumace, et tous les biens des Beauveau reviennent à la famille d’Arsac en 1606. Depuis une seule et même famille va régner sur cette seigneurie jusqu’à nos jours, où le propriétaire, Loïc de Ternay, digne héritier, vit dans le château. Entre temps au XIXe siècle, le château subit plusieurs modifications, dont le comblement du fossé et la destruction d’une partie des murailles, et la modification des ouvertures pour apporter davantage de lumière dans l’édifice.

La visite. Classé Monument Historique dans les années 1996, le château reçoit, pour l’entretien, « une subvention de l’Etat, à hauteur de 40%. Pour le reste, c’est grâce à notre association, et aux activités du château, que nous pouvons entreprendre des restaurations. Nous sommes également à la recherche de mécènes » souligne Loïc de Ternay. C’est alors que j’ai testé, pour vous, la visite enrichissante du château de Ternay. Accueilli par le propriétaire, nous découvrons les aspects extérieurs de la bâtisse, pour voir les différentes époques de construction du château et son évolution architecturale. Le système défensif – mâchicoulis, chemin de ronde, canonnière, trace d’un pont-levis – cohabite avec une décoration d’agrément – terrasse, baies à meneaux. A l’intérieur toute la splendeur des lieux se dévoile. Poussant chacune des portes qui se succèdent dans ce dédale de pièces, un émoi surprend le visiteur. Sculpture, peinture, tapisserie d’Aubusson, objets ou cheminée livrent leurs secrets … mais chut, cela vous sera révéler seulement par le propriétaire. Pour vous mettre l’eau à la bouche, une magnifique loggia à l’italienne renferme un trésor gothique, conservé dans une incroyable fraicheur. On voit ici tout le génie des artistes de Venise, qui ont particulièrement ouvragé le premier étage de l’édifice. En redescendant l’escalier, l’ancienne salle d’arme nichée au rez-de-chaussée du donjon, renferme quelques objets insolites dont seul Loïc de Ternay a les secrets de fabrication. L’attention se porte immédiatement au centre de la pièce, où trône un extraordinaire jeu de bois, qui ravira les plus jeunes comme les adultes. Les anciennes cuisines, quant à elles, dévoilent une cheminée monumentale où « l’on peut aisément cuire une biche ou un sanglier » nous assure le propriétaire. De quoi festoyer comme des chevaliers. Pour continuer l’aventure, si l’envie vous prend, vous pouvez même dormir sur place. La vie de château est vraiment à portée de main !

Une visite intime et riche où humour et anecdotes rythment la découverte du château. Un moment agréable et vivant à vivement recommander.