Haut lieu de la puissance bénédictine, l’abbaye de Charroux surprend par ses richesses.
Une longue histoire … Fondée vers 783, l’abbaye est reconstruite au XIe siècle. Appauvrie par la guerre de Cent ans et les malversations des abbés qui se succèdent, l’abbaye est totalement ruinée et pillée lors des guerres de Religion en 1569. Vendue comme bien national en 1790, elle devient alors une carrière de pierres, et disparaît au fur et à mesure du XIXe siècle. Seule la tour Lanterne, achetée par l’abbé Loiseau de Grandmaison en 1801, a été conservée. C’est d’ailleurs, quelques années plus tard, en 1846, que Prosper Mérimée la protège, lui évitant ainsi la démolition. Les restes de l’abbaye sont de nos jours monument national, et classé Monument Historique.
Suivez le guide ! L’arrivé à Charroux, devant l’immense tour-lanterne de presque 40 mètres, provoque en nous une curiosité insatiable. Pour rentrer dans l’enceinte de l’ancienne abbaye bénédictine, il suffit d’appuyer sur un interphone. Quelques instants après, un guide vient ouvrir la grille et vous plonge alors dans le passé. Immédiatement attiré par la tour-lanterne, il pointe les vestiges qui ont été dégagés, ainsi que sur les anciens emplacements du chevet et des chapelles rayonnantes, aujourd’hui matérialisés au sol. Nous nous dirigeons vers la rotonde, qui possède un triple déambulatoire, qu’il nous faut, malheureusement imaginer. Qu’à cela ne tienne ! Les vestiges au sol permettent de mieux comprendre l’emplacement de chaque mur tombé au fil des siècles. Quant à la tour octogonale, elle possédait autrefois l’autel majeur sous lequel était située la crypte. Aujourd’hui nous pouvons encore contempler la finesse des sculptures et des chapiteaux, vestiges du passé qui semblent être là depuis hier, tant le niveau de conservation est élevé. Ainsi, animaux, feuillages et autres végétaux nous regardent de plusieurs mètres de hauteur. Dans ce dédale, le guide nous emmène vers les bâtiments conventuels. Au détour du portail, la découverte coupe le souffle. Le cloître qui se dessine semble sorti d’un film historique. Tout est là, même l’atmosphère d’un temps ancien. Autour, la salle capitulaire est intacte. Reconstruite au XVe siècle, elle est voûtée de six croisées d’ogives gothiques. Elle renferme également un trésor inouï : une série de statuettes religieuses toutes différentes. Ces éléments proviennent du triple portail gothique, qui a aujourd’hui disparu. Rieuses, boudeuses, grognonnes, souriantes, enjouées ou énervées, les statues émettent un message, presque une symbolique médiévale. Dans tous les cas, cela prête à rire, et ce, surtout avec l’humour du guide. Dans la pièce d’à côté, le guide nous ouvre deux portes collées au mur. Derrière, une découverte digne des plus beaux musées parisiens. Sous vitrine, des pièces uniques, comme des reliquaires, des boîtes, des pièces ou des médailles, toutes serties de pierres précieuses et d’or. Comme un coup d’éclat dans la visite ! La suite se poursuit dans le chauffoir, utilisé également comme scriptorium ou encore de chapelle. Encore une découverte, mais le reste vous sera divulgué par le guide.
L’une des plus puissantes abbayes bénédictines d’Europe vous ouvre ses portes et vous livre ses secrets autour de la fameuse tour octogonale, dite Charlemagne. Haut lieu du patrimoine médiéval, les vestiges et les trésors, que l’abbaye renferme, sont la preuve de la magnificence du lieu.
Johnatan Savarit