Au nord de Poitiers, à Bonnes, en plein cœur d’un bois, le long de la Vienne, le château de Touffou se découvre et se révèle au visiteur. Il occupe d’ailleurs une place stratégique et dominante sur une sorte de promontoire ou terrasse d’où l’on a une vue dégagée sur la rivière de la Vienne et l’ancien pont. Etrange édifice dressé devant nous, il nous paraît très clairement que le château a subit d’importantes transformations au fil des siècles. Mentionné dès la première fois en 1127, il a appartenu successivement à trois grandes familles nobles de la région. Ainsi les Oger, les Mauléon et les Chasteigner se sont partagés ainsi ce noble héritage.
Les jardins ! Arrivés en avance, nous avons été invités à visiter en autonomie les fameux jardins de Touffou, qui font la renommée de ce lieu. Ainsi, la promenade commence par l’apparition d’une allée de cyprès, et, la découverte naturelle commence. Un jardin couvert de roses, toutes plus originales les unes que les autres. Toutes certainement greffées par un jardinier expert et portant de noms comme Madame de Pompadour par exemple …. Une piscine en son centre évoque un cadre idyllique où il fait bon de flâner. Lavande et autres buissons permettent de mettre en valeur l’architecture des tours et des ailes du château.
Suivez le guide ! Sous l’ombre d’un cèdre du Liban au minimum deux fois centenaires – sachant que les cèdres en général ont été implantés en France à partir du XIXe siècle – la guide commence sa visite par une présentation générale du bâtiment. Sa particularité, c’est son double donjon qui ont été ensuite rassemblés pour n’en former qu’un seul. Ainsi l’on peut très clairement distinguer une partie du XIIe siècle et une autre du XIVe siècle. Ce double donjon forme alors une sorte de grand corps central au château. Puis, au niveau de l’architecture, à l’époque de la Renaissance, de grands changements ont été apportés au château. Une aile renaissance et l’ensemble des tours de défense datent alors des XVe et XVIe siècles. Les baies à meneaux, les modillons, les mascarons, les sculptures diverses sont la preuve de cette époque évocateur d’un décor riche. Nous prenons ensuite la direction de la Tour François Ier. Nous descendons quelques marches et nous arrivons dans la chambre de la tour situé au rez-de-chaussée et donnant directement sur un accès à des jardins dits privatifs. Malheusement aucune photographie n’était permise, alors c’est une bonne occasion de vous déplacer pour découvrir ce lieu. Sous un voûté totalement peinte, représentations des allégories à la nature et aux saison, avec la représentations de chaque mois personnifiés, et donc de chaque signe du zodiaque, le mobilier d’époque raconte à lui seul l’histoire du lieu. Au-delà du lit à baldaquin, une chaise très curieuse attire l’attention. Une sorte de siège muni d’une trappe et d’un tiroir en dessous de l’assise. Non ce n’est pas les Wcs du fainéant, mais une chaise pour cacher un butin, un très grand butin. Non pas un trésor, des bijoux, des lingots ou autres manuscrits précieux, mais simplement le SEL. Et oui, nous sommes dans une époque où un impôt sur le sel, la Gabelle, fait des ravages. Pour éviter de payer cette taxe très onéreuse, l’on cachait le sel – qui servait alors à la conservation des aliments, sorte d’ancêtre des réfrigérateurs – dans cette cachette fermée à clé. Puis l’on plaçait un vieillard sur cette chaise. Un vieillard ? Et oui, car quand la garde venait prélever l’impôt, la garde avait interdiction de toucher un vieillard, d’autant plus s’il était malade. (un certain respect des aînés). Ainsi le sel était doublement protégé et le seigneur payait une taxe largement amoindrie. Pas mal comme stratagème !
Les plus. La suite de la visite concerne la découverte de la chapelle et des cachots du château. Il faut donc imaginer que la chapelle est construite sur des cachots qui se trouvent donc en dessous. L’architecture ici est conçue pour que tout le monde puisse assister aux messes – nobles, serviteurs et prisonniers – sans pour autant qu’ils puissent se voir ou se rencontrer. Au dessus de l’autel, une Christ sur sa croix attire l’attention. Il possède une curieuse expression, esquissant un léger sourire ou une grimace. Nous sortons de ce lieu cultuel pour se diriger vers les anciennes cuisines. Juste magnifique. Ici le mobilier est resté dans son état brut. Un potager sert pour cuisiner seulement les légumes. Il reste toute une batterie de cuisine, des ustensiles d’époque : chauffe-plat, bouilloire à l’ancienne, …. Nous terminons la visite par la découverte des anciennes écuries transformées en musée de la chasse. A l’intérieur, trophées et collection des boutons de cavaliers nous attendent. Une découverte surprenante, avec une ambiance d’hacienda ou de Texas. Manque plus que les taureaux et nous sommes transportés au farwest. Un décalage complet avec le château si l’on occulte le fait que les propriétaires qui se sont succédés avaient un goût très prononcé pour la chasse à cour. (interdite de nos jours pour rassurer certains).
Le château de Touffou, classé monument historique depuis 1923, est un trésor incontournable de la région. Situé au Nord de Poitiers, dans le village de Bonnes, il offre une découverte très intéressante. La visite est à conseiller au printemps lorsque les jardins sont en fleurs.
Johnatan Savarit