Le palais des Ducs d’Aquitaine et comtes de Poitiers est l’un des témoignages médiévales les plus aboutis de la ville de Poitiers. De style angevin et gothique flamboyant, cette double construction reste le témoin du pouvoir des ducs d’Aquitaine et comtes du Poitou.

Tour Maubergeon. Construite sous l’impulsion d’Aliénor d’Aquitaine, la tour Maubergeon est réellement le lieu de pouvoir de la cour itinérante. Symbole du pouvoir de justice, de police et de contrainte des Ducs d’Aquitaine et Comtes de Poitou, cette tour présente une architecture à part entière. Sur trois étages, voûtés d’ogives, pourvus de larges vitraux laissant passer la lumière, cette tour est décorée à l’extérieure par l’implantation de 19 sculptures, dont 16 nous parviennent à ce jour. A noter que parmi les trois disparues, les statues du Duc et de son épouse Jeanne de Boulogne. Il faut savoir que cette tour devait être couronnée par un étage de défense : chemin crénelé, mâchicoulis et meurtrières devaient parader au sommet de cette tour. Les statues quant à elles devaient être surmontées de dais, inexistant aujourd’hui.

La salle des Pas-Perdus. Cette grande salle fut aménagée par Aliénor d’Aquitaine, reine de France puis d’Angleterre, donnant naissance à 3 futurs rois régnant. Le chantier se déroula de 1192 à 1204. Mesurant 50 mètres de longueur pour une largeur estimée à environ 17 mètres, elle reste la plus vaste de son époque. Les murs de cette grande nef sont décorés d’arcatures aveugles supportées par des petites colonnettes. Des mascarons complètent la décoration intérieure de cette salle. Toute cette décoration est de style gothique Plantagenêt ou angevin. La dernière chose qui capte l’attention du visiteur, la triple cheminée. C’est Guy de Dammartin qui sculpta ses trois cheminées monumentales. D’ailleurs elles possèdent toutes les trois des sculptures sur les manteaux : des statues de style gothique flamboyant. Ces statues représentent le roi Charles VI le fou, son épouse Isabeau de Bavière, le duc Jean de Berry et sa femme Jeanne de Boulogne. Ces statues ont fait l’objet de restauration courant XIXe siècle. Dernière chose concernant ces statues : pour mieux les apercevoir des moulages ont été effectués, et sont maintenant visibles dans les vitrines dans la salle des Pas-Perdus. Le mur arrière (derrière les cheminées) fut remanié pour pouvoir accueillir les conduits des cheminées. D’ailleurs, lorsqu’on se trouve dans le square juste derrière, on peut apercevoir l’aménagement réalisé et le percement de conduits. Datant de 1862, le plafond de cette salle est en châtaignier (poutres et charpente apparentes). Telle une coque de bateau renversée, cette couverture est l’ouvrage des ouvriers de la Corderie royale de Rochefort et de la Marine de La Rochelle. Une banquette de pierre ceinture l’ensemble de cette salle : on y mettait des coussins pour pouvoir s’y asseoir. Mais quelle est l’utilité de cette grande salle ? Elle avait plusieurs utilités différentes : salle du conseil municipal de la ville (autrefois échevinage), salle de complaisance (banquet, discussion), salle de justice et de police. Cette salle des Pas-Perdus fût le témoin du procès de Jacques Cœur qui s’y est déroulé. Jeanne d’Arc quant à elle fût questionné par un collège de religieux dans cette grande salle.

Aujourd’hui Tribunal et cour d’Appel, cet ancien palais comtal a continué jusqu’au début XXIe siècle à perpétuer cette tradition de justice et de police. Dans quelques mois, la cour d’Appel et le Tribunal doivent déménager dans l’ancien lycée des Feuillants à Poitiers, en bas du centre ville. La salle des Pas-Perdus et peut être certaines pièces de la Tour Maubergeon devraient être accessibles au public pour d’éventuelles visites et découvertes.

Johnatan Savarit