Notre-Dame la Grande reste l’édifice roman le plus représentatif de la ville de Poitiers, comme la tour Eiffel pour Paris. Situé en plein cœur du centre-ville actuel, et donc du centre du bourg ancien au Moyen-âge, elle domine tout le plateau. Son clocher est visible dès les plaines environnantes, quand on approche de la ville.
Joyau du XIIe siècle, Notre-Dame la Grande est caractéristique de l’art roman, et ce pour plusieurs raisons. Son architecture reste certes classique de cette époque, malgré le rajout de chapelle au niveau des collatéraux et du déambulatoire (rajouts visibles à l’extérieur, lorsqu’on fait le tour de l’édifice). Ce qui marque davantage le visiteur comme l’habitant c’est, de primes abords, sa façade sculptée datant des années 1130-1160. Restaurée entre 1992 et 1995, elle représente un exercice délicat de sculpture fine, ici l’art recouvre l’intégralité de la façade occidentale de l’église. De bas en haut, des registres racontant les épisodes de l’Ancien Testament comme du Nouveau Testament. Au Sommet trône un Christ en majesté inscrit dans une mandorle sculptée (forme ovale ou en amande). Depuis Adam et Eve (et la tentation) jusqu’aux prémisses et la vie du Christ, tout reflète alors l’art religieux médiéval. Malheureusement cette façade sculptée a été rongé par les siècles suivants. En réalité jusqu’au XVI-XVIIe siècle, un grand marché se tenait autour de l’église. Pour la conservation des aliments vendus sur le marché, l’utilisation du sel était de mise. Le sel a alors attaqué les façades de l’église et donc les sculptures. A cette même époque, plusieurs chapelles ont été rajoutées par de riches familles marchandes à l’instar de la chapelle Sainte-Anne.
A l’intérieur, les piliers totalement peints, comme une sorte de mosaïques, formes ultra-géométriques, datent du XIXe siècle. Mais, ce sont des restaurations. Ces décors reprennent exactement le même décor de l’époque de la fondation de l’église au XIIe siècle. Sur le cul de four de la voûte du chœur (au dessus du maître-autel) une peinture romane représente le christ en majesté et le tétramorphe (les quatre évangélistes). Dans le déambulatoire, au niveau de la chapelle axiale, une peinture XIXe siècle reprend ce décor. Des vitraux complètent la décoration de ce lieu saint.
En été, une projection des polychromies de la façade occidentale replonge l’habitant comme le visiteur des siècles en arrière, où les sculptures de la façade étaient alors peintes. Bienvenue au XIIe siècle où couleurs côtoyaient avec élégance l’architecture extérieure de l’église.
Une église qui a elle-seule représente tout l’art roman médiéval de la ville de Poitiers, où sculpture, architecture et peinture s’entremêlent.
Johnatan Savarit