Depuis le 22 septembre 2012 – les arts de l’Islam sont conviés dans le sein des seins des musées en France : le majestueux et emblématique Musée du Louvre. Reçu en véritable ambassadeur artistique, les arts de l’Islam trouvent leurs appartements dans une galerie totalement dédiée à cette thématique autant culturelle qu’artistique, autant sociale que civilisationnelle.

Quelle expo ! Par le corridor d’accès à cet espace muséal, vous partez à la rencontre d’une civilisation faste, grande et émérite. Ici, dans un contraste de noir et de sombre voulu par la scénographie, les pièces d’or et d’argent, les œuvres colorées, les bois flamboyants, se détachent, se dégagent, avec une impression de légèreté et de suspension dans l’espace. Ici, mosaïque grandeur géante, objets rituels, et vaisselles cohabitent. L’art islamique se révèle être omniprésent et reflète la pensée moyen-orientale. Cette civilisation lumineuse est mise en avant par cette scénographie hyper sophistiquée. Toile tendue au plafond, ondulations et disposition des vitrines, le noir, à la fois classe et neutre, se révèlent être des atouts certains dans la valorisation de cette collection sans précédent pour le musée. Histoire de moderniser le Louvre, de réactualiser le musée, de s’ouvrir vers d’autres civilisations. Bonne idée, bien pensée et bien exécutée. Le voyage est au rendez-vous. Sur les deux étages d’expositions, à tous niveaux, le visiteur parcourt un dédale d’œuvres variées tant dans la taille que dans les composants. Bois, verre, mosaïques, or, argent et bijoux, métal et bronze forment une sorte d’arc-en-ciel de matières attirant l’œil du visiteur, comme la flamme attire le papillon. Ne vous en faites pas, ici rien ne brûle, mais, seulement, enflamme votre curiosité, attisée par le flamboiement des œuvres d’art qui dansent dans ce ballet culturel.

Coup de cœur ! Durant la visite, j’ai, je l’avoue, eu plaisir à m’attarder sur certaines œuvres en particulier. En premier lieu, le décor mural à Samarra reste sensationnel. Issus d’une civilisation fondée sur le bord de l’Euphrate, lambris peints, boiseries polychromes ou non, mosaïques et sol de nacre restent frappant pour le visiteur. Nous nous trouvons dans un décor assimilable à l’Egypte. Assimilable, oui, car cet art purement islamique a largement été diffusé en terre égyptienne durant les IX et Xe siècles de notre ère. En second lieu, les parements et les décorations sont impressionnants. Ici un marqueur de tombe d’Iran du VIe siècle présente des inscriptions coraniques gravées. Puis, un vantail de porte d’Irak en bois sculpté, provenant d’un sanctuaire, émeut. Ici, le panneau possède des formes géométriques ainsi que des inscriptions kufiques : des termes reprenant des prières chiites. Plus loin, des collections de vaisselles prestigieuses en métal cuivreux richement décorés de pierres précieuses et de métaux. Véritable commande princière, datée du XIIIe siècle, certaines pièces, comme des plateaux, des chandeliers, des aiguières ou des vases, portent le nom de sultans ayyubades. Au détour d’une autre allée, des objets liturgiques d’occident. En effet, plusieurs objets portent une iconographie chrétienne. Datés du XIIIe siècle pour la plupart des œuvres métalliques comportent des scènes de la religion chrétienne comme la vie du Christ, l’apposition de saints ou de membres du clergé occidental. Intéressant de voir l’interaction des religions, objets chrétiens retrouvés en Egypte. Des coffres en nacre et en bois, des vantaux de paravent, des décorations sculptées dans des pans de murs, des mosaïques complètent cette immersion au cœur d’une civilisation culturelle et civilisationnelle d’une incroyable richesse.

En doutez-vous ? Il n’y a qu’à voir les quelques photos que j’ai prise pour vous convaincre. Etincelants, brillants et riches, les arts de l’Islam ont retrouvé le rang princier qu’il leur est dû, un trône pour asseoir leur prestige. Le Louvre se révèle être une belle vitrine des civilisations du Moyen-Orient.

Johnatan Savarit