Théâtre de la Coupe d’Or / 17 / Rochefort

Levée de rideau sur le théâtre de la Coupe d’or de Rochefort

A Rochefort, charmante petite bourgade de Charente-Maritime, il n’y a pas que la corderie royale, l’Hermione et la cure thermale. Emotion, sensation, vibration, la visite du théâtre à l’italienne nous propose un voyage dans le temps, où au XIXe siècle, théâtre et social s’entremêlaient.

Salle de spectacle et plafond peint du théâtre de la Coupe d'Or de Rochefort

A côtoyer. A côtoyer, bourgeoisie et notables de Rochefort fréquentant le théâtre à l’italienne au XIXe siècle. A revêtir. Ses plus beaux vêtements, une attitude hautaine et ses fastes. A se faire voir. Choisir l’endroit dans la salle où au final on ne voit pas la scène, mais on est le plus visible des spectateurs.

Le théâtre, lieu de vie social et culturel, où voir et se faire voir cohabitent et se théâtralisent. A Rochefort, les différents espaces composant le théâtre bénéficient d’une décoration, d’une restitution et d’une restauration exemplaire et ambitieuse. La façade possède une attention particulière. Les pierres sont enjolivées de fins tracés en ocre jaune qui ajoute une note de polychromie attirant l’œil. Le hall présente un ensemble de colonnes décorées de peintures de faux marbre et date de 1852. En prenant les escaliers d’honneur pour arriver au lieu le plus social du théâtre, nous voyageons dans le temps, où chapeau haut de forme et queue de pie, robe à la grecque, jupon, et manches bouffantes amplifient la présence de chaque personnage, masculin comme féminin. Sur le palier, le vestibule présente des notes de vert et de dorures, comme les pièces typiques du Second Empire. Poussant encore une porte de ce vestibule, nous arrivons dans le foyer possédant deux cheminées, 6 tableaux à l’antique et une décoration d’époque. Lustre, fauteuils rouges, chandelles, moulures et staffs présentent un ensemble chargé mais représentatif du milieu du XIXe siècle.

Epoustouflant. Le cœur du sujet, la salle de spectacle. Emotionnellement intense, l’entrée dans cette salle échancrée, en forme de fer à cheval tellement emblématique des salles dites « à l’italienne » des XVIIIe et XIXe siècles. Ici, le rouge et les dorures prédominent, étincelant. Du parterre au poulailler, en passant par le balcon des premières et des secondes, cette division verticale et étagée permet de séparer socialement les différents spectateurs. Les notables au balcon des premières, les représentant de l’autorité dans les loges d’avant scène de part et d’autre du cadre de scène, les roturiers et le bas-peuple dans le poulailler. Cet espace tient son nom du brouhaha du peuple, puant, braillant, gigotant, jetant des projectiles sur les personnes des parterres. Au plafond, une peinture a couper le souffle signée Trinocq et Constantin en 1884. Dieux et déesses dominent la salle autour desquels se situe un lustre en cristal de bohême pesant plus de 800 kilos.

Pour le reste. Molesquine, velours rouge, papier peint sont les vêtements de ce théâtre. La toile marouflée au plafond et les noms des grands auteurs nationaux comme Corneille, Molière, Shakespeare, Dumas ou Hugo contemplent les spectateurs, accompagnent les acteurs et artistes sur scène lors des prestations. Passons derrière, dans les coulisses, sur la scène pour se prendre un moment pour un comédien qui va se produire. Un peu stressant de voir, même vide, les quelques 450 places devant soi. On imagine les claquements de mains, les hués, le stress qu’occasionnent ce genre de manifestation. Le seul bémol reste la cage de scène. Ici la magie disparaît quasi totalement, car l’on passe du XIXe siècle directement au XXIe siècle. Ici, tout est moderne, mécanique. L’âme a disparu, les machinistes sont remplacés par des mécanismes automatiques, le bois est substitué au métal noir, les éclairages discrets font place aux grands projecteurs. Le guide nous explique que le théâtre de Rochefort est le seul théâtre de la ville, et que les restaurateurs ont du faire des compromis pour moderniser les infrastructures afin de permettre aux spectacles modernes de pouvoir se produire. Cela explique tout, et nous n’en tiendront pas rigueur.

Restauré entre 2007 et 2012, ce théâtre « à l’italienne » reste un lieu reste magique et inédit. Indéniablement un point d’intérêt incontestable, qui offre au final un véritable rendez-vous avec le XIXe siècle !

Pour compléter votre lecture et votre visite, voici le petit frère du théâtre de Rochefort. Cliquer sur le lien suivant !  https://1001patrimoines.wordpress.com/category/theatre-blossac/

Johnatan Savarit

+ d’infos : http://www.theatre-coupedor.com/

http://www.ville-rochefort.fr/culture/equipement/theatre

Historique.

–          1766-1771 : construction du théâtre à l’italienne par les architectes Michel Ange et Giovanni-Antonio Bérinzago.

–          1852 : Municipalisation du théâtre.

–          1852-1857 : reconstruction de la salle de spectacles et création d’un nouveau vestibule.

–          1885 : nouvelle restauration de la salle de spectacles.

–          1969 : Inscription à l’inventaire des Monuments Historiques.

–          1970 : nouvelles restaurations. La salle de spectacle devient bleue.

–          1998 : achat par la ville des locaux de l’Olympia, cinéma qui est mitoyen aux locaux du théâtre.

–          2007-2012 : Mises aux normes, restaurations et modernisation du théâtre à l’italienne.

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. Laura dit :

    Très bon article.
    Je me serai presque cru en visite.. depuis mon siège !

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