Mes derniers pas m’ont amené à Loches, cité royale médiévale. Longé par un petit bras de l’Indre, ayant façonné le paysage lochois, l’éperon se dresse aujourd’hui en plein coeur de la ville.
Sur cette large colline rocheuse, se sont érigés bon nombres de bâtiments au Moyen-Âge – à commencer par le donjon lui-même à l’extrémité Sud. Pièce maîtresse d’une défense implacable, ce dernier est l’oeuvre du comte d’Anjou Foulque Nerra. Voulant se protéger de ses farouches adversaires et voisins, il dresse, ce qui demeure encore aujourd’hui, l’une des plus imposantes tours carrées défensives en France. Construit à l’orée du IIe millénaire, aux alentours de 1010-1030, il est composé de plusieurs bâtiments, de vastes salles de réception, de lieux de stockage, de tours et de lieux pour la garnison. La tour maîtresse mesure 36 mètres de hauteurs et comportait à l’origine quatre étages ayant chacun une fonction différente.
Autour du donjon s’érige un véritable univers carcéral, faisant de ce site un lieu singulier. Prisonnier politique, de guerre, opposant, ces geôles, dont on peut encore voir une « cage à poule » en excellent état, ont accueillis des personnages de renom : Ludovico Sforza – ancien protecteur de Léonard de Vinci, duc de Milan – en 1500, Jean d’Alençon, Philippe de Commynes ou encore Jean de Poitiers. Aujourd’hui en partie démoli pour les intérieurs du donjon, le site offre la possibilité de s’immerger à l’époque médiévale et de retrouver tous les volumes du donjon grâce à l’Histopad. Réalité augmentée, 3D, en flashant des bornes çà-et-là vous avez sur votre écran les salles, la décoration, les objets … bluffant et relativement fiable.
Pour ma part, j’ai été transporté lors de cette découverte de ce donjon, à ne pas manquer. Petite note pour ceux qui ont le vertige, les passerelles permettant d’accéder aux différents étages du donjon – aujourd’hui détruits – sont faites de grilles ajourées.
A l’extrémité Nord de cet éperon se dresse fièrement le logis royal construit à cheval entre la fin du Moyen-Âge et le tout début de la Renaissance.
Construit sur deux étages, avec de vastes espaces de réception, ces salles ont reçu bon nombre de personnages éminents, puissants et impressionnants : Charles VII, Jeanne d’Arc, Agnès Sorel, Louis XI, Anne de Bretagne en sont que quelques exemples. Plus luxueux, plus confortable, moins brut, le logis s’apparente à une petite résidence ayant joué un rôle de premier plan durant la guerre de Cent ans, au même titre que la Forteresse royale de Chinon située à quelques encablures de là. Après être devenu prison, tribunal, préfecture durant le XIXe siècle et jusqu’en 1920, ces lieux s’ouvrent à la visite dès les années 1950. Aujourd’hui complètement remanié de l’intérieur, ce logis royal offre une toute nouvelle scénographie depuis l’été 2018, une nouvelle manière d’appréhender l’histoire de ce site au travers d’une nouvelle mise en lumière. Collections, mobilier, et dispositifs ludique et technique – écran tactile, projections, meubles parlant … se retrouvent disséminés au travers du parcours de visite. Un effet épuré qui donne une valeur ajoutée. Petit bémol, la visite du logis se fait assez rapidement comparée à celle du donjon – compter entre 45 et 60 mn. Personnellement j’en aurais demandé plus. A ne pas perdre de vue que le billet de visite est combiné entre le donjon et le logis, ce qui laisse présager un temps total sur site d’au moins 2H30 entre le donjon et le logis
Une balade dans la vieille ville s’impose d’elle-même à la découverte d’anciennes portes d’entrée de la ville médiévale, de tours, d’hôtels particuliers Renaissance …
Une belle découverte même si pour un passionné et un professionnel du tourisme comme moi, je suis resté légèrement sur ma faim. Je préconise tout de même ce détour qui reste une valeur sûre, un voyage au coeur de ce haut-lieu historique des comtes d’Anjou, des rois d’Angleterre et des rois de France. Bon transport au Moyen-Âge !
Johnatan Savarit