Nous avons testé pour vous … les ateliers adultes d’arts plastiques du musée des Beaux-Arts d’Orléans. Et s’il n’y avait pas que les enfants qui avaient le droit de jouer au musée… les adultes aussi sont invités à se salir, à découper, à coller, à modeler, à peindre. En bref, à créer. Retour sur trois jours d’ateliers, trois sessions pour appréhender à chaque fois une oeuvre, son contexte et son auteur. Trois oeuvres tirées des collections d’art contemporain qui se trouvent au sous-sol du musée. Le même rituel à chaque fois. On se pose devant une oeuvre choisie par la médiatrice. On discute, on observe, on donne son avis. On s’intéresse de près à l’artiste, sa vie et son parcours afin de mieux comprendre l’oeuvre in situ. Autour d’un atelier d’écriture lié directement à la peinture ou la sculpture que nous avons devant nous, on se plonge dans la technique utilisée et l’univers artistique qui s’offre à nous. Une fois tout cela fait, nous avons le droit de nous tâcher, d’expérimenter des techniques d’art, de patauger dans l’encre, le pastel, le crayon gras ou encore la peinture lors d’un atelier créatif. Et oui, il est vrai que nous avons retrouvé notre âme d’enfant ou comment remonter le temps quelques années voir quelques décennies en arrière. Les adultes ont testé les ateliers et on avoue en redemander davantage.
Session 1 / autour de l’oeuvre de Roger Toulouse – crayon gras et encre
Artiste accompli, s’intéressant de près à la sculpture, au vitrail, à la peinture et au dessin, Roger Toulouse est un artiste orléanais touche à tout.



Roger Toulouse – L’homme et le poisson – 1972 – don de Marguerite Toulouse en 2000
Né en 1918 et mort en 1994, il a été aussi un poète. C’est au travers d’un de ces poèmes d’ailleurs que nous avons entrepris de comprendre sa vie et son univers. A partir de quelques vers du « Port », nous avons dû effacer et réécrire les passages afin de s’octroyer le droit de recréer un poème à notre manière. Un moment imaginatif laissant vagabonder notre esprit afin de devenir le temps d’un instant un véritable auteur. Après le poème de Toulouse, retrouvez mon essai.

» Port
Dessins imbéciles du peintre sur la ronde chaise orange.
Je vois. Je vois le marin qui passe et je m’interroge.
L’homme marche, la vague s’amuse, le nuage avance, moi je reste.
L’homme peint, le pinceau orange regarde.
Ronde orange, la vague court. Elle court. Une voile rouge, rouge … Rouge reste, vient.
Le bateau s’amuse, se dresse, tout remu.
Je pense ».
Mon travail d’écriture vis-à-vis de l’oeuvre de Roger Toulouse. Réinterprétation du travail de l’artiste.
Une fois le travail d’écriture effectué, nous sommes montés à l’atelier afin de créer une oeuvre en s’approchant au maximum de la technique de l’artiste. Ici, découpage de formes puis crayonnage ont été le fil rouge de la session. Mélanger du Crayon gras et de l’encre donne des aspects tout à fait intéressant, s’apparentant alors à la technique de sculpture, comme si nos feuillets cartonnés avaient été martelés contre une enclume. L’effet visuel est plutôt sympa. Voyez plutôt par vous-mêmes :




Session 2 / autour de l’oeuvre d’Henri Cueco – impression et crayon graphite
Artiste contemporain, né en 1929 en Corrèze, Henri Cueco tourne son oeuvre autour de la relation entre l’homme et son environnement. Il fait parti du courant de la Figuration critique. Collectionneur, il considère que l’humanité se scinde en deux, d’un côté les gardeurs et de l’autre les jeteurs. Lui vit parmi les objets chinés, arrachés au temps qu’il se refuse de détruire ou de délaisser. Cailloux, crayons, papiers froissés et usés, élastiques et toutes sortes de noyaux sont précieusement conservés par l’artiste. A partir des années 2000, il se met à peindre la campagne corrézienne et réalisera plus de 150 tableaux. Très proche de la nature, il se concentre pour reproduire sur des petits et moyens formats, tel une sorte d’impressionniste, l’environnement dans lequel il vit : champs, vaches, herbes, plantations … et essaie de faire transparaître l’impression que l’on peut avoir en fouler de ses pieds ces endroits naturels. Il devient alors un virtuose du crayon gras. Voyez ci dessous l’oeuvre accrochée dans le département des arts contemporains du musée, oeuvre étudiée lors de notre atelier.




Ce qu’il faut savoir sur l’oeuvre de Cueco, c’est que l’artiste commence presque toujours chaque oeuvre par le centre et, tel un métronome, exécute eds vas-et-viens, entre la gauche et la droite, entre le haut et le bas, afin de construire à l’aide de son crayon gras son image, son univers, sa nature. Essayant au maximum de toucher à la technique, nous nous sommes essayés à un travail d’écriture où seule une phrase avait été imprimée au centre d’une feuille blanche « un pré s’étale sous mes pieds ». Laissant notre imagination faire le reste, nous avons donc créer littéralement parlant une oeuvre, en faisant sans cesse des vas-et-viens entre le début et la fin de notre récit. au final cela donne cela :
« Ce n’est pas possible … ais-je rêvé ?
Des arbres semblant s’accouder les uns aux autres, une bouffée d’air et un répit.
As-tu déjà vécu cela ?
Un jour, à un moment, quelque part à un endroit !
Cela a débuté comme ça.
Un pré s’étale sous mes pieds
Dans la brume d’une matinée d’hiver
Une étendue verte tel un paysage irlandais où naissent les moutons.
Un champs des possibles où je ne pense qu’à m’enivrer.
Laissant vagabonder mon imagination.
Quelque chose de tempétueux et de paisible à la fois.
Etendu là, mes doigts effleurant chaque brin d’herbe.
Quelque chose de simple et inestimable ».
Mon travail d’écriture autour de l’oeuvre d’Henri Cueco.
Place à l’atelier d’arts plastiques, où crayons gras, mines et feuilles d’arbres nous attendaient afin de composer, tel dans l’esprit de l’artiste, un tableau où création et nature ne font qu’un. Une osmose en quelque sorte. Les objets des sentiers forestiers chinés, ramassés et rapportés sont la source de notre inspiration.







Session 3 / autour de l’oeuvre de Bernard Boutet de Monvel – encre et gravure
Après la nature, place à la ville avec l’oeuvre de Bernard Boutet de Monvel. Artiste né en 1881 à Paris et malheureusement disparu dans les eaux des Açores en 1949 après un crash d’avion, il a été à la fois peintre, illustrateur, sculpteur, décorateur et aussi graveur. C’est au travers de la gravure et d’une oeuvre du musée des Beaux-Arts que nous allons toucher du doigt l’univers singulier de l’artiste.

Passionné par le pays de l’oncle Sam, il va représenter des vues de New-York et de Big Apple. Ici l’huile sur toile représentant les Toits de New York réalisée en 1930 sera à la base de notre travail. En partant du principe où au beau milieu des rues des grandes villes, pouvaient, çà-et-là, se promener quantité d’objets, nous nous sommes alors embarqués dans un travail d’écriture pour inventer une vie à ces objets du quotidien peuplant nos rues citadines : gobelet, ticket, bijoux perdus, cigarette, photo…. J’ai alors choisi d’inventer l’histoire d’un gobelet trouvé dans la rue. En voici son récit :
« Monsieur Gobelet
Monsieur Gobelet avait un rêve, parcourir le monde.
Monsieur Gobelet avait un vie banale, coincé dans un distributeur de café d’une multinationale au coin de la Ve et de Manhattan avenue.
Son destin était tout tracé, à être utilisé par un employé peu précautionneux qui l’aurait jeté ensuite dans le fameux container jaune.
« Être porté aux lèvres d’un ou d’une inconnu(e), cela ne me plaît guère » se disait-il.
Alors Monsieur Gobelet rêvait d’évasion. A force de tergiverser, un soir, il trouva la solution.
S’aidant de deux touillettes en guise de bras, il s’extirpa de sa machine, roula sur la moquette tachetée de gouttes de café, se hissant sur un bureau. Il leva, non sans mal, le battant de la fenêtre, pris la poudre d’escampette. Et, 4 à 4, descendit l’escalier de secours le long du bâtiment.
Après un dernier effort, il atteignit le macadam, prêt à découvrir le monde.
Monsieur Gobelet avait un rêve assez spécial, pour un simple gobelet, parcourir le monde c’est peu banal »!
Mon travail d’écriture autour de l’oeuvre de Bernard Boutet de Monvel
Une fois à l’atelier, nous avons eu l’occasion de s’essayer à la technique de la gravure grâce à des plaques de plexiglas et un peu d’imagination, afin de recréer graphiquement un triptyque des plus sympathiques. Une vraie expérience artistique à renouveler sans conteste. En voici les résultats :








En quelques mots, nous avons testé pour vous … les ateliers d’arts plastiques adultes du Musée des Beaux-Arts d’Orléans et une chose est sûre, nous allons y revenir. Expérience artistique sans limite au vue des collections, nous sommes prêts à renfiler la blouse et s’essayer à de nombreuses techniques afin d’appréhender l’univers de chaque artiste présent au musée. Filez vous aussi à toute vitesse pour un moment créatif et récréatif assurément divertissant. Un moment rare, souvent laissé pour les enfants et presque jamais aux adultes. Profitez-en.
Johnatan Savarit