Partez à la conquête de l’Amérique avec l’Hermione

Il est des époques l’existence de vrais symboles.

De la France de Louis XVI, il a été un grand homme. De la France combattante du XVIIIe siècle, il a été un fervent militaire et un digne représentant. De la France monarchique, il a été et restera un engagé pour l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique. Général, « ambassadeur » de la France, combattant pour des idéaux… La Fayette reste un symbole tout autant que sa singulière embarcation qui l’emmena d’un côté à l’autre de l’Atlantique – l’Hermione.

Véritable partie de notre patrimoine maritime, l’Hermione fut d’abord une aventure humaine. En 1997, une association se lance un incroyable défi : reconstituer au plus juste l’Hermione de 1780. Cet énorme chantier va alors constituer une magnifique coopération entre économie, savoir-faire et culture afin de redonner ses lettres de noblesse à cette célèbre frégate.

A l’origine du projet.

c- photos n’appartenant pas à 1001patrimoines

Nous sommes, ici, plus proche d’une restauration que d’une reconstitution. L’association avait à cœur de reconstruire le plus fidèlement possible la frégate comme l’a connu La Fayette. Une coque de 65 mètres de longueur est alors entièrement constituée d’un squelette en bois de chêne, se devant alors de résister aux flots de l’océan. Les quelques chiffres suivants donnent le tournis, il me semble. 2 000 chênes ont été nécessaires, 1 000 poulies ont été disséminées, 32 canons forment la batterie, 2 100 m² de voilures comptabilisées, 400 000 pièces de bois et de métal au total pour un bateau pesant 1 100 tonnes. Cet assemblage – comme un mécano géant – était accessible au public. Lors des visites organisées, l’on pouvait alors voir le suivi du chantier et l’avancement des travaux.

Dès 2012, la coque a été mise à l’eau. Trois ans plus tard, soit en 2015, la frégate est prête pour son voyage inaugural. A oui, nous avons oublié de vous le dire, c’est vrai. L’objectif était, dès le départ bien évidemment, de reconstituer aussi le voyage qu’elle a effectué en 1780. Ainsi, depuis son port d’attache à Rochefort, l’Hermione a touché les côtes de Boston lors d’un voyage émouvant qui s’étira du 18 avril au 29 août 2015.

c- photo n’appartenant pas à 1001patrimoines / Arrivée de la frégate Hermione à New-York devant la Statue de la Liberté

Voyage expérimental à un voyage inaugural.

Les membres de l’association, prenant part à cette épopée, ont été marqués par la capacité de chacun à mettre leurs compétences en commun, afin de donner lieu à un des plus grands chantiers de restauration maritime qui ait vu le jour. Le sentiment d’un attachement perpétuel est toujours visible entre la France et les Etats-Unis, plus de deux siècles après l’intervention française pour l’indépendance américaine. Pour ne présenter tout d’abord qu’un seul chiffre, les deux escales – de 6 jours en tout – à Baltimore et Philadelphie ont attiré plus de 15 000 visiteurs. Un voyage onirique où le rêve n’a d’égal que l’engagement de chacun depuis 1997 et aboutissant alors à la réalisation d’un mythe réunissant deux pays, deux continents, deux cultures. Au total, le voyage aura été ponctué de 15 escales. La frégate aura accueilli plus de 87 000 visiteurs pour voir, comprendre et entendre les témoignages des 78 membres d’équipages présents dont les 2/3 composés de volontaires.

Notre sentiment ?

Essayez de vous imaginer la scène. Vous arrivez à Rochefort. Vous vous garez à quelques encablures du lieu où le bateau est amarré. Et là, soudain, vous levez les yeux, et la frégate se dévoile. L’Hermione a portée de main, en tout cas, à portée d’yeux. Le parcours initiatique commence par la visite de la Corderie royale pour remettre dans le contexte l’importance de cette petite ville de Charente-Maritime, autrefois si choyée du pouvoir monarchique. Installant un bâtiment d’une longueur incroyable, dans une rade protégée par les méandres de la Charente, à deux pas de l’Océan, Louis XIV veut restituer la grandeur de sa flotte réduite à quelques navires capables de partir en mer. Ici, trône la Corderie royale, lieu de fabrication des fameux liens nécessaires à la navigation. Se créée ensuite tout autour, une fabrique de navires. Véritable entreprise maritime qui aura marqué de son activité l’ambition d’un roi. Véritable mise en bouche de notre découverte.

Une fois faite, nous sommes invités à pénétrer dans le chantier naval. Ici, au travers d’un parcours, nos pas nous mènent de corps de métier en corps de métier : de l’ébénisterie à la menuiserie, de la chaudronnerie à la corderie, de la métallurgie à l’artillerie… bienvenue dans un monde naval aux odeurs de bois, goudron, de fils naturels et d’étincelles. Au détour de la dernière tente de ce chantier naval, ça y est … presque enfin… L’Hermione se dévoile.

Le bleu, le rouge et le jaune de ses boiseries éclatent à la lueur du soleil. Nous nous approchons et nous lisons sur son flanc « HERMIONE » comme une marque de fabrique, un témoignage du passé resurgi des eaux troubles, un nom qui flotte dans les embruns maritimes. Hermione nous enchante, ensorcelle nos pas, qui se dirigent vers la petite passerelle qui sépare le quai du pont du navire. Nous l’enjambons pour atteindre alors le plancher de la frégate. Nous y sommes. Nous marchons sur l’Hermione et nous embarquons – même en restant à quai – dans un périple enchanteur. Nous caressons les cordages, nous effleurons les canons disposés çà-et-là, nous touchons à peine quelques pièces métalliques et nous posons un instant nos mains sur la barre. En tête, des images de Pirates des Caraïbes ou de documentaires à la Christophe Colomb ou Vasco de Gama. Nous nous imaginons gouverner un tel vaisseau sur la mer déchaînée, employant des termes de bâbord, tribord, hisser la voile, lever l’ancre, tout le monde à son poste !

Et oui, tout le monde a un poste ici. Nous nous dirigeons vers le pont inférieur et nous découvrons les conditions de vie à bord. Une cuisine assez sommaire mais efficace, des couchettes où l’intimité est oubliée. Un vrai dépaysement. Une vraie liberté de quelques instants.

Et depuis ?

L’aventure continue pour cette frégate unique en son genre. Appelée dans les ports de Brest, de Saint-Malo ou encore de Rouen, elle participe à de nombreuses réunions d’Armada et fêtes maritimes. Le chantier et l’Hermione se visitent. Il suffit de se rendre à Rochefort, à deux pas de la célèbre Corderie royale pour apercevoir le grand mât. Un voyage dans le passé où l’on se prendrait presque pour un corsaire, un envoyé du Roi afin de mettre les voiles vers des destinations inconnues. Partez vous-aussi séant en direction des côtes américaines le temps d’une visite singulière.

Johnatan Savarit

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