Entre terre et Océan, la nature encore préservée dans un cadre sauvage, les attraits touristiques et culturels sont nombreux de l’autre côté du pont. L’Île d’Oléron est une destination singulière. Faire le plein de nature, où les amoureux des vieilles pierres ne sont pas délaissées, en parcourant de fond en comble ce territoire insulaire. Nous vous proposons un parcours en quatre étapes pour vous donner l’eau à la bouche. Belle balade oléronaise.

L’étape 1 / Le Fort Louvois comme porte d’entrée de l’Île d’Oléron.
Situé à Bourcefranc le chapus, le fort Louvois se situe à l’entrée de l’île d’Oléron en pleine mer. Imaginé par Vauban, il est le petit frère du Fort Boyard. Entre le donjon, la caserne, la halle aux vivres, la poudrière, le corps de garde, le chemin de ronde, l’architecture militaire est unique. Fortification du XVIIe siècle, réalisée sur un rocher complètement immergé à marée haute, ce site a été décidé par Louvois alors ministre de la guerre de Louis XIV, d’après les plans de Vauban.

Objectif de sa construction : croiser les tirs entre la citadelle de l’île d’Oléron (en face) et le fort afin de protéger la rade menant à Rochefort et à l’arsenal miliaire de Louis XIV.







Pour le découvrir, il faudra jouer avec les éléments. Deux voies d’accès. La chaussée longue de 400 mètres, reliant le fort à la terre, est praticable à marée basse. Si la chaussée disparaît à marée haute, alors des navette en bateau vous offre la possibilité, en 10 minutes, de rejoindre ce fort devenant alors un petit îlot. Une forme de fer à cheval avec un donjon protégé par un pont-levis et une douve, tout respire le militaire. L’architecture rappelle sans conteste les châteaux du Moyen-Âge.








Le parcours de visite permet de comprendre l’histoire du fort au travers de panneaux, de plan-relief ou encore de maquettes. Frayez-vous un chemin parmi les canons disséminés çà-et-là afin de découvrir les salles de la caserne, la poudrière et autre lieu de vie du fort. La vue panoramique au sommet du donjon clos le spectacle et permet de comprendre le choix de la localisation de cette fortification maritime. Un aperçu sur tout le littoral aux alentours vous attend dans cette visite inédite.





L’étape 2 / Sur les pas de Vauban, la Citadelle du Château d’Oléron.
Dès l’entrée sur l’île, une fois le pont franchis laissé derrière vous, engagez-vous sur votre droite en direction de la commune Château d’Oléron. Après seulement 1 ou 2 kilomètres environ, vous arrivez sur cet ancien village de pêcheur lourdement gardé par la fameuse citadelle d’Oléron. Entre cabanons colorés, artisanat d’art, artistes et bâtiments militaires du XVIIe siècle, notre voyage à la découverte de la culture et du patrimoine oléronais commence.

Crédit – Office de tourisme de l’Île d’Oléron
Sur les bases d’un ancien château médiéval commandé par les Plantagenêt, dont Aliénor d’Aquitaine qui y vivra quelques temps, ruiné par les guerres féodales et guerre de Cent Ans, Richelieu ordonne en 1630 la construction d’une citadelle moderne afin de protéger cette partie de la façade Atlantique. Quelques 30 années plus tard, la vocation de la citadelle change quelque peu avec l’apparition à Rochefort de l’arsenal militaire de Louis XIV – ensemble de la Corderie royale. L’implantation du fort Louvois et de la Citadelle, par un possible feu de tirs croisés, protégeait alors l’accès à l’estuaire de la Charente et à la rade de Rochefort. Le plan de cette citadelle est typique des constructions militaires de Vauban, avec ses différentes pointes avançant presque, pour certaines, dans l’Océan. Pour la construction de ce gigantisme complexe, certaines maisons environnantes, édifices religieux et publics furent rasés. Dès lors, une nouvelle ville s’installe dans l’enceinte fortifiée du XVIIe siècle. Bombardée durant la Seconde guerre mondiale, elle sera restaurée de 1959 à 1970 puis dans les années 1980. A partir de 1988, elle peut accueillir du public et certaines salles ou certains bâtiments abritent maintenant des expositions, des manifestations culturelles ou encore des petites échoppes d’artisanat d’art ou d’artistes.




Historiquement parlant – un élément incontournable de l’île,
Dans une Saintonge déchirée entre les Huguenots et les Catholiques, en 1627, la ville de La Rochelle se révolte contre son roi Louis XIII et son ministre Richelieu. Soutenu par les Anglais, dont le duc de Buckingham, ils se préparent à un siège du cardinal. Dans le même temps, Richelieu, dans la crainte de voir l’île d’Oléron attaquée, dépêche en 1630 Pierre d’Argencourt, ingénieur, pour construire une nouvelle citadelle en place et lieu de l’ancien château médiéval d’Aliénor qui ne protège plus réellement l’entrée de l’île. 50 ans plus tard, dans les années 1680, Vauban reprend totalement la configuration de la citadelle de Richelieu, la jugeant mal conçue. Pour accélérer la construction, des paysans de l’île sont enrôlés. Le prix humain, économique et social ne sont apparemment rien aux yeux de l’ingénieur Vauban pour dissuader l’ennemi de s’attaquer à la France. En construisant une forteresse dite imprenable, ce dernier verrouille, de par ses nombreuses fortifications, la façade Atlantique. Entre garnisons et camp d’entraînement militaire, nombreux sont ceux qui partiront de la citadelle en direction de la Nouvelle-France, de Québec, de l’Acadie ou encore de la Louisiane.




Au XIX siècle, post révolution française, le fort est transformé tantôt en prison, tantôt en lieu d’internement.

Nous vous proposons un instant flânerie. Autour de la citadelle, des anciens cabanons de pêcheurs et d’ostréiculteurs ont été réhabilités pour donner naissance à un véritable petit village d’artistes, d’artisanat d’art et de boutiques de produits locaux. Un plaisir pour les yeux. Vous allez forcément dénicher un panier gourmand à ramener à vos proches, un objet de décoration made in Oléron, une œuvre réalisée par un artiste local. Un petit goût d’y venir et d’y revenir. Personnellement, nous y retournons 3 à 4 fois durant la haute période.









L’étape 3 / Une parenthèse culturelle le temps d’une visite : le musée de l’île d’oléron.
Un peu plus loin, en s’enfonçant dans la nature sauvage de l’île, nous arrivons à Saint-Pierre d’Oléron. Ici, trône le musée de l’Île d’Oléron. Petit par la taille (seulement 3 pièces) mais grand par ses ambitions, le musée de l’Île d’Oléron se montre audacieux et moderne dans sa présentation de l’histoire locale. Bien vu de la part des équipes, un parcours enfant et un parcours pour personnes en situation de handicap ont été prévus. Des boîtes surprises, des objets insolites, des cartels bien placés … tout est fait pour une belle visite familiale. Un accueil soigné pour une vraie polyvalence des publics.

Qu’y-a-t-il à voir à l’intérieur ? Entre panorama, ethnographie, activités maritimes et insulaires, le musée brosse un joli portrait de ce qui fut et de ce qui est l’île d’hier et d’aujourd’hui. Les 500 objets évoquent la vie des oléronais et des activités traditionnelles au travers la viticulture, la pêche, les lieux de loisirs, l’ostréiculture.







Costumes d’époque, maillot de bain des années 1930, affiches promotionnelles de la première moitié du XXe siècle, attirant les bourgeois puis les vacanciers … tout nous replonge dans la culture de cette île en soulignant les attraits touristiques et artistiques.





Sur la mezzanine au premier étage, vous pourrez voir des expositions temporaires. Chaque année, la programmation change sans cesse, offrant toujours une occasion de revenir. En 2016 pour exemple, le musée présentait l’exposition de Klaus Pinter « Anatomie du désordre ». Les sculptures de l’artiste expriment une envie d’évasion, d’envol, de conquête. En suspension, en relief, aux tonalités parfois chaudes, les œuvres de l’artiste se confrontent à l’environnement dans lequel elles s’inscrivent.





L’étape 4 / Une lumière qui guide les marins : le Phare de Chassiron :
Toujours plus loin, jusqu’au bout de l’île, la terre s’arrête. Nous découvrons alors un belvédère donnant sur l’Océan. En levant les yeux, une tour zébrée domine le paysage. Comme une lumière guidant les navires, évitant les échouages, le premier phare a été édifié ici par Colbert en 1685 afin de baliser le chemin entre la pointe de l’Île d’Oléron et Rochefort. La falaise perdant du terrain sur l’océan, un deuxième phare a dû être édifié au XIXe siècle. Plus moderne, plus grand, du haut de ses 46 mètres, le phare prévient efficacement les marins des dangers de la côte. Simple fut blanc à la base, il revêt son manteau « zèbre » avec ses bandes noires et blanches qu’en 1926. Il se différencie alors de son cousin tout blanc, le phare des Baleines, se trouvant sur l’Île de Ré.




Tout phare a besoin d’une belle lumière. Ici, l’optique est composée de huit panneaux de lentilles, électrifiée en 1930. Modernité oblige, depuis 1998, le phare devient totalement automatisé après le départ du dernier gardien.

Gravir ses 224 marches permet d’obtenir un magnifique panorama à 360°. Sans oublié que, depuis le haut, les visiteurs peuvent prendre toute la grandeur des jardins implantés au pied du phare. Un beau travail de la part des jardiniers qui en ont la charge. Comme une rose des vents grandeur géante, faufilez-vous de pointe en pointe pour découvrir les secrets botaniques et maritimes qui s’y cachent à l’aide de tables de lecture, de bornes audio et de lunettes de visées. Pour cela, il faut redescendre les 224 marches… mais, un conseil. Ne redescendez pas sans avoir jeté un coup d’oeil au loin afin d’apercevoir le mythique Fort Boyard.





Comme un aperçu de l’île, notre petit tour d’Oléron en 36h permet de brosser grossièrement un portrait intime et singulier de ce territoire insulaire sauvage et naturel. Comme une parenthèse, les quelques spots, que nous avons décidé de vous faire partager, ne représentent qu’une infime partie de ce qui vous attend. Prolongez votre séjour en dérivant à Boyardville avec une vue imprenable sur le Fort du même nom, ou préférez un petit détour à la Cotinière, fabuleux petit village de pêcheurs sur la côte Ouest, ou encore partez plus au Sud de l’île pour voir le charmant site de Saint-Trojan des Bains et les Salines situées non loin de là. Un cadre idyllique.

Johnatan Savarit