Périgueux, ou l’art de remonter le temps …

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Une belle entrée en matière …

Depuis la nuit des temps, l’homme a toujours compris l’importance de l’eau pour vivre. C’est pourquoi bon nombre de villes anciennes sont bordées par des cours d’eau. Périgueux ne fait pas exception. Implantée aux abords de la rivière de l’Isle, des populations gauloises y élisent domicile. La tribu des Pétrocores fut vite rejointe par les armées romaines qui fondèrent alors la ville de Vessuna, cité dominée par la haute tour de Vésone, du haut de laquelle 2000 ans d’histoire nous contemplent. Dans ce quartier gallo-romain, conservé, est abrité le musée Vesunna, présentant alors les vestiges d’une demeure prestigieuse de l’époque de nos ancêtres à moustaches et « casques ailés ». Un peu plus loin, courant Moyen-Âge et Renaissance, la ville se développe dans d’autres quartiers, enserrée dans des remparts. Au milieu de ces ruelles anciennes, des bâtiments changent d’affectation, se modifient courant XVIIe et XVIIIe siècle. Aujourd’hui, l’architecture contemporaine côtoie avec réussite le bâti ancien, faisant de Périgueux un vrai voyage à remonter le temps.

Pour les amoureux des grands espaces et de la découverte du territoire périgourdin, il faut suivre le cours d’eau, tels des bateliers d’antan, afin de découvrir Saint-Astier, son église romane et ses maisons à colombages ; Mussidan et son musée des arts et traditions populaires ; Montpon pour s’embarquer sur une gabare et prendre le large ; Issac et son château Renaissance de Montréal.

Question nature, non loin de Périgueux, pour les aventureux, la vallée de l’Isle offre une balade sur un terrain peu accidenté. La forêt de Lanmary invite à se promener et se laisser surprendre par ses nombreux châteaux. Des sentiers, tantôt forestiers, tantôt longeant la rivière, sont l’occasion parfaite pour les marcheurs de déambuler dans ce magnifique décor. Une belle balade verte en plein cœur du Périgord, une émotion certaine à fouler cette histoire de 2000 ans et des paysages enchanteurs.

Bon personnellement, nous n’avions que quelques heures et nous avons concentré notre attention sur le coeur historique médiéval et Renaissance de la ville. 53 édifices classés, autant vous dire que nous n’avons fait qu’un survol de ce patrimoine richissime. Cet article n’est pas exhaustif, loin de là, simplement une vision de notre aperçu, et quel aperçu. Une magnifique ville qui vaut 1001 détours. Coup de coeur garanti. Vous en doutez, alors, lisez le reste et feuilletez les photos, votre coeur va chavirer. Et dites-vous bien cela : les choses sont bien plus belles en vrai…

Faisons connaissance avec … Périgueux

Capitale du périgord, en son centre, Périgueux fut d’abord une ville gallo-romaine aussi peuplée qu’aujourd’hui. Fondée il y a 2000 ans sur les rives de l’Isle, elle est aujourd’hui la capitale du département. Le site-musée Vesunna, conçu par Jean Nouvel, nous plonge fidèlement dans la vie quotidienne et les mœurs de ces temps anciens. La ville haute abrite un secteur sauvegardé de 20 hectares : le Puy-Saint-Front. La cathédrale saint-Front et ses coupoles d’inspiration byzantine dominent et protègent ces huit siècles d’histoire architecturale et humaine. Elle fut restaurée par l’architecte Abadie à qui l’on doit la basilique du Sacré-Coeur. Parmi les 53 monuments historiques répertoriés, vous prendrez plaisir à adminer les façades Renaissance des hôtels particuliers. Durant l’été, les nombreux rendez-vous culturels et gastronomiques enflamment la ville, avec en point d’orgue, un fascinant festival de Mimes et de Gestes.

In the heart of the Perigord, Perigueux was originally a Gallo-Roman city, the same size as it is today. Founded over 2000 years ago on the banks of the River Isle, it has since become the capital of this area. The Vesunna Museum, designed by Jean Nouvel, plunges visitors into the everyday life and customs of these earlier times. In the city, the visitors can find 53 listed historical monuments. The Saint-Front cathedral with its Byzantine domes dominates and protects eight centuries of architectural and human history. It was restored by the architect, Abadie, who also designed the Sacré-Coeur basilica in Paris.

La découverte d’un territoire en France ne peut se faire sans parler de gastronomie et de produits du terroirs. Français que nous sommes, nous avons déambulé dans les allées du marché de Périgueux, où dans ce pays de cocagne, les recettes culinaires et leurs secrets se transmettent … si tant est qu’on y prête l’oreille.

Le circuit médiéval et Renaissance de Périgueux, comme si le temps s’était arrêté !

Ici, les rues nous parlent, elles sont bavardes, rien que par leurs noms : rue salinière, rue des Aubergeries, rue des Aiguilleries, rue de la Sagesse… Architecture, atmosphère, décor, passé historique et humain, … dans les pas de nos ancêtre périgourdins, c’est ce Périgueux insolite et émouvant que nous souhaitons vous faire partager. Suivez-nous lors de nos pérégrinations, à se perdre dans les ruelles et les venelles de ce vieux Périgueux, à l’époque médiévale et Renaissance.

Ce qu’on a adoré dans notre halte à Périgueux, c’est la concentration d’histoire, d’architecture, de patrimoine et culture locale. Un réel rendez-vous des siècles en arrière, où rien ne dénote. Pas étonnant que bon nombre de réalisateurs utilisent ce décor grandeur nature pour le tournage de films. Accrochez-vous, c’est parti pour quelques spots qui nous ont marqué.

Place Saint-louis et sa Maison dite Tenant :

La Maison Tenant, dite maison du Pâtissier. La demeure est composée de deux corps de logis se coupant à angle droit avec une tourelle au niveau du 2e étage. Nous avons remarqué tout de suite la très belle porte Renaissance avec la longue inscription sur le linteau : « Souviens toi qu’il faut mourir, celui qui aime à dénigrer la vie des absents, qu’il sache que cette maison lui est interdite. La plus grande gloire est de déplaire aux méchants. Maison construite en 1518 avec la faveur du très Haut ». En 1850, la maison appartenait à un pâtissier du nom de Franconi, puis en 1897 à Pascal Tenant, ami de l’architecte Catoire. Remarquez aussi la coquille au-dessus de la porte et les fenêtres à meneaux venant contrebalancer les décors de mâchicoulis, inspiration médiévale.

This dwelling consists of two habitable units, set at right angles to each other, with a turret at the second floor. In 1850, the house belonged to a pâté maker named Franconi and in 1897 to Pascal Tenant a friend of the architect Catoire.

La place de Coderc ou place de l’ancien hôtel de ville :

Jusqu’au début du XIXe siècle, la place du Coderc est le centre politique et civil de la ville. Le logis fortifié des Xve-XVIe siècles domine la place de sa tour. Partout l’architecture donne charme et authenticité à cette ville concentrant un patrimoine de folie.

Passant devant le musée militaire, recensant plus de 15 000 objets et la rue des Aubergeries, non loin de là, nous nous sommes arrêtés devant la Maison des Dames de la Foi (photos suivantes). Située dans un des quartiers les plus anciens de la ville, on trouve un des rares exemples d’architecture civile du XIIe siècle, transformé aux XVIIe siècle en couvent dont la vocation était de convertir les jeunes filles protestantes au catholicisme. Sa façade romane est réellement exceptionnelle à plus d’un titre. Ce qui est intéressant ici, c’est qu’en lisant le bâti, on lit réellement 5 siècles d’évolution architecturale. Une belle leçon d’adaptation de l’homme en réagençant, réaménageant et réinvestissant les bâtiments anciens. Au fait, un petit secret, mais chut … cette demeure aurait hébergé le connétable Bertrand Dugueslin pendant la guerre de Cent Ans. Une des stars de ce conflit, si connu dans le Grand Ouest. (Parlez-en à Poitiers par exemple, ils le connaissent bien).

One of the rare examples of non-military architecture front the 12th century, it was turned in the 17th century into a couvent, dedicated to converting young Protestants into Catholics. Its romanesque façade is exceptional. Apparently, it could be the lodging of the Constable of France, Bertand Duguesclin during the Hundred Years War, in 1376.

La Tour Mataguerre

Planté là, isolé aujourd’hui, la tour Mataguerre est le dernier bastion subsistant de l’enceinte médiévale qui, constituée de 28 tours et de douze portes ceinturait le Puy-Saint-Front dès le XIIe siècle. Son nom provient de l’occitan « matar » – mettre en échec – et de « guerra » – guerre. Massive, dotée de mâchicoulis et d’un chemin de ronde à son sommet, il est possible de grimper ses nombreuses marches pour accéder à sa toiture et d’y contempler la vue sur tout Périgueux. D’extérieur, et classiquement j’envie de dire, on y trouve des meurtrière-canonnières et quelques traces d’arrachements de bâti, preuve que cette tour faisait parti d’un tout.

The mataguerre tower is the last fortified tower still existing from the Medieval ramparts, which enclosed the Puy-Saint-Front from the 12th century and which consisted of 28 towers and 12 gates. The name is derived from the Occitan language « matar » – to hold at bay – and « guerra » – war.

Rue des aubergeries : 33 → 39

En se baladant, que dis-je, en se perdant dans les nombreux escaliers, ruelles et venelles, nous nous sommes retrouvés dans la rue des Aubergeries. Non pas que cette rue abritait autrefois, jardis, des auberges comme on l’entend, mais des hospices religieux priés de recevoir les nombreux pèlerins venus dans la cité pour se recueillir à la cathédrale. Une autre sorte d’auberge. On est ici dans une rue en escaliers bordée par deux hôtels particuliers – Ladouze et Sallegoude – tous deux du XVe siècle – dotés de hautes tours, attestant alors de la richesse des marchands de cette époque.

Concernant l’Hôtel Sallegourde, c’est un logis édifié vers 1475, sous Louis XI, roi des marchands, par Arnaud de Séguy, riche bourgeois. Trois fois consul de Périgueux, il mourut vers 1505. Sa haute tour et son haut pignon correspondent aux ambitions, à la réussite et aux flatteuses alliances de la famille Arnaud de Séguy.

A dwelling house constructed circa 1475 by a wealthy bourgeois Arnaud de S2guy, ennobled during the reign of Louis XI, the Merchants’king. Thrice consul of Perigueux, he died about 1505. The height of th e tower and its tall gable represent not only the ambitions but also the sucess as well as the wealth and advantageous alliances achieved by the Arnaud Seguy family.

Impasse de la gaiété :

Un peu plus loin, par l’impasse de la gaiété, nous arrivons sur une sorte d’esplanade, derrière les hôtels de la rue des Aubergeries. Ici, se dresse un très bel exemple de miseen valeur de l’espace urbain alliant la construction de bâtiments contemporains et anciens telles que les demeures à pans de bois. Situé en contrebas de la cathédrale, ce quartier est accessible par de longs et étroits escaliers reliant le bas du haut de la cité.

Galerie Daumesnil, vers des lieux insolites et secrets :

Cette galerie Daumesnil a été aménagée en circuit piétonnier par la ville en 1980 dans un îlot du secteur sauvegardé. A travers ce abyrinthe, trois placettes conduisent en direction des rues de la Clarté, de la Miséricorde et Limogeanne. La définition de « dédale » prend tout son sens ici. Au détour de ce passage, que de surprises, en voici quelques photos.

The Daumesnil passage converted into a pedestrian circuit by the municipality in 1980, is a heaven in the middle àf a conservation area. The passage contains three nice little squares, leading to street de la Clarté, de la Miséricorde and Limogeanne.

Rue du plantier :

Le plantier designait au Moyen-Âge une plantation d’arbres et de vignes qui appartenait au couvent des Augustins et se situait à l’emplacement des actuelles allées de Tourny. Ce quartier s’embourgeoise à partir de la Renaissance et la rue se surnomme quartier Saint-Germain. De riches demeures Renaissance jusqu’au XVIIIe siècle se construisent, témoignant d’une période restée figer dans son temps. Une réelle authenticité se dégage de cette rue où des films ont été tournés.

Musée d’art et d’archéologie du Périgord :

Premier musée créé en Dordogne au XIXe siècle, il propose un étonnant voyage dans l’univers de la création artistique. Les collections préhistoriques, antiques et médiévales reflètent l’ancienneté et la richesse de l’histoire du Périgord et de sa capitale Périgueux. Peintures, mobiliers et objets d’art témoignent de l’intérêt des savants et des collectionneurs de la région. Rien que la façade donne envie d’aller découvrir ce qui s’y cache derrière. Vous ne trouvez pas ?

The first museum established in Dordogne in the XIXth century, the museum of art and archeology offers an astonishing journey into the world of artistic creations. Pre-historical, ancient and medieval collections show how ancient and riche the history of Perigord and its capital Périgueux is. Paintings, fine arts, furniture show how passionate the scholars and collectors of the region were.

Et pour terminer notre petit tour du coeur historique de Périgueux, nous terminons par peut-être le meilleur … la singulière Cathédrale 

Cet édifice d’inspiration byzantine présente un plan rarement utilisé en Europe occidentale : plan en croix grecque surmonté de 5 coupoles. Il est vrai que déjà les coupoles sont assez rares en France et d’autant plus dans le Grand Ouest (Limoges, Fontevraud), mais le plan en croix grec est une configuration encore plus rare. La combinaison des deux offre alors une cathédrale singulière. Au XIXe siècle, Paul Abadie entreprend des travaux de restaurations pour sauver l’édifice de la ruine. En 1870, il s’inspire de la cathédrale pour construire le Sacré-Coeur à Paris. Aujourd’hui, placée sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, elle est classée, à ce titre, patrimoine mondiale de l’UNESCO.

Un véritable dédale dans lequel nous avons aimé nous perdre. Cette cité périgourdine nous a, le temps de notre visite, ensorcelé, envoûté, choyé. Une parenthèse insoupçonnable et insoupçonnée que nous vous invitons à expérimenter dès que possible. Périgueux ou l’art d’être mystérieux.

Johnatan Savarit

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. Cathy Bussières dit :

    bravo et merci pour ton article sur Périgueux, Jo! excellent….

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