André Derain, du fauvisme au cubisme

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1880-1954


Il est originaire de Chatou, fief de l’impressionnisme. Issus d’un milieu modeste, son père étant glacier-crémier de la commune, il va vite se découvrir un don d’artiste. Il essaie de se mesurer aux impressionnistes. Dès 1895, en parallèle de la préparation de son baccalauréat, il commence la peinture. IL fréquente Henri Matisse et Georges Rouault. Il se lie aussi d’amitié avec Vlaminck dès 1900. Dans ses nombreuses correspondances, on comprend que Derain est quelqu’un de très cultivé, lisant du Zola, du Balzac, du Nietzsche ou encore du Skakespeare, pour n’en citer que quelques-uns.

En juillet 1905, il rejoint Matisse à Collioure, ville dans laquelle ils vont peindre essentiellement des paysages, mais aussi quelques portraits à l’instar des deux suivants :

  • Portrait de Matisse par Derain – exposé au TATE
  • Portrait de Derain par Matisse – exposé au TATE

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Au salon d’automne, il expose neuf de ses toiles qui font aussitôt faire scandale. Ici, apparaît l’acte de naissance du Fauvisme. Il réalise en 1906 une trentaine de vues de Londres.

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Il fait ensuite la rencontre de Picasso et Braque. Avec son ami Vlaminck, il entreprend une collection d’art africain et d’objets éclectiques tels que des maquettes de bateaux, des instruments de musique et des bronzes du Bénin. En 1908, il peint des paysages à Martigues avec une palette de couleurs réduites à son minimum : des ocres, des bleus et des verts. Entre 1908 et 1912, il expose dans de nombreuses villes à l’étranger : Moscou, Berlin, Cologne ou encore Munich. En 1914, Picasso accompagne Braque et Derain à la gare d’Avignon en vue de leur mobilisation. Derain tiendra le rôle de canonnier durant la guerre. Pendant son absence au front, Alice (sa future épouse) et son ami Guillaume Apollinaire organise une exposition de ses œuvres à Paris en 1916. Après la Première guerre mondiale, en 1919, il réalisera de nombreux décors et de costumes pour le théâtre.

« Tempérament audacieux et discipliné. C’est avec Picasso un des artistes les plus importants du XXe siècle »

Guillaume Apollinaire, 1916.

Dans les années 1920, sa notoriété s’accélère. Il expose à Stockholm, à Berlin et à New-York. En 1924, il réalise le portrait de Catherine Hessling, l’épouse de Jean Renoir – cinéaste. Pour le remercier, ce dernier va lui offrir quatre toiles de son père, le célèbre Auguste Renoir. Derain, multi-talents, tiendra le rôle d’un cafetier dans un des films de Jean Renoir.

portrait-catherine-hessling-par-derain-1923, national-museum-of-western-art-Tokyo

Portrait-catherine-hessling-par-derain-1923, national-museum-of-western-art-Tokyo

En 1930, il se sépare de sculptures africaines pour acquérir des bronzes de l’Antiquité, de la Renaissance, de Chine et du Moyen-Orient. Il va lui-même faire les plans de sa propriété de Chambourcy. En 1935, l’éditeur Skira va lui commander les illustrations du Pantagruel de Rabelais. En 1938, dans son domaine de Chambourcy, il s’attèle à confectionner de nombreuses sculptures. Il se lie également d’amitié avec Giacometi et Baltus dans les années 1930.

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Domaine-de-chambourcy-maison-derain

A la suite d’un voyage en 1941 outre-Rhin pour aller voir l’épouse d’Arno Breker – une ancienne modèle de Derain – il est soupçonné de collaboration avec l’Allemagne nazie – dont tous les soupçons seront levés. Après la Deuxième guerre mondiale, il continuera à peindre et répond à différentes commandes de confection de décors pour des théâtres – comme pour la pièce du Barbier de Séville par exemple. Renversé par une voiture en juillet 1954, il meurt le 8 septembre 1954.

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Décor-theatre-barbier-de-seville-de-rossini-1953

Derain reste un artiste peu montré : seulement deux expositions ces dernières décennies : une en 1994 pour le Musée d’Art moderne de Paris et une en 2017-2018 pour le Musée d’Orsay. Selon les critiques d’art, Derain serait une sorte de Christophe Colomb de la peinture. Il découvre Gauguin au moment des découvertes océaniennes et estime que ce peintre a déjà fait beaucoup dans son domaine. Dans sa peinture, il y a une part d’invention dans tous les moments de son œuvre. Quand Derain était à Paris, son obsession était de passer tout son temps au Louvre afin de copier les artistes exposés et les sculptures anciennes, afin de s’en inspirer dans son œuvre. Il a croqué entre autre des Delacroix, des Rubens et la galerie des Arts égyptiens. Pour lui, ce qui revient dans sa peinture, c’est le corps, le réel et le sacré. Il considère la modernité comme un état d’enfermement, alors même que le cubisme bat son plein. Picasso a une très grande estime pour Derain, estime qui sera au-dessus de celle qu’il portait pour Matisse ou Braque.

Dans la peinture de Derain, on note l’influence de l’anarchie – à l’instar des œuvres de Toulouse-Lautrec et de Vlaminck. Derain travaille également la photographie très jeune, passion qui le suivra toute sa vie.

Durant sa vie, il côtoiera de près Giacometti et Baltus. Ces trois artistes vont croiser la route de nombreux écrivains et poètes dont Max Jacob, André Breton, Louis Aragon, Jean Cocteau, Albert Camus, Jean-Paul Sartre, André Malraux et bien d’autres.

 « Derain est le peintre qui me passionne le plus, qui m’a le plus apporté, le plus appris depuis Cézanne. Il est pour moi le plus audacieux ».

Giacometti, 1953

Médium : sculpture :

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Ouvert à toutes cultures et très curieux, André Derain, on le connaît moins, a sculpté dans les matériaux les plus divers : bois, pierre, plâtre, métal et terre cuite. Nous pouvons distinguer trois périodes distinctes concernant la sculpture :

  • 1907-1912 : il taille principalement le bois et la pierre. La majorité de ces pièces sont dans des musées aujourd’hui. Derain laisse visible les traces de marteau et de burin. Ces œuvres ont souvent un coté inachevé pour souligner l’aspect primitif de la sculpture.
  • 1914-1918 : il martèle des masques dans des douilles d’obus. Il travaille également les feuilles de cuivre, travail qui marquera Picasso.
  • 1938-1954 : dans sa propriété de Chambourcy, il découvre, après une tempête qui a fait déraciner un arbre, un gisement d’argile, propice au modelage. Il réalise alors en terre des têtes, figurines et masques. Ils achètent plusieurs fours qui cuire ses œuvres.

Après sa mort, sa veuve, Alice Derain, elle fera couler en bronze 74 pièces de terre-cuite.

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