Rencontre avec la licorne et le bézoard dans un cabinet de curiosités.
Au musée Sainte-Croix de Poitiers, du 18 octobre 2013 au 16 mars 2014, s’ouvre l’exposition « la licorne et le bézoard », à la découverte des cabinets de curiosités en Europe.
Curieuse expression d’un autre temps, un « cabinet de curiosité » reste en réalité une sorte d’accumulation de toutes les curiosités du monde connu au travers d’objets naturels et de productions humaines. En Europe, du XVIe siècle jusqu’au XVIIIe siècle, nombreux collectionneurs ont pu acquérir ces productions afin de les entreposer, de les stocker, de les conserver en une pièce bien particulière. A chaque cabinet ses spécificités. Poussez les portes de chaque type de cabinet revient à un voyage à travers les modes, les histoires et les rencontres entre cultures différentes. En effet, depuis les premières traversée outre-Atlantique et les découvertes des différents continents de notre globe terrestre, sans cesse, les rencontres entre peuples différents ont amené à une découverte d’un style de vie, de coutume, d’animaux, d’objets rituels ou quotidiens, d’armes et de techniques.
Curiosités ! Du studiolo à la Wunderkammer, du cabinet de savant à celui d’un médecin anatomiste, en passant par l’apothicaire, le parcours proposé par le musée explore plusieurs univers différents, témoignant alors d’une attention, d’une indiscrétion irréductibles concernant la création générale de notre planète. De nombreuses merveilles, comme des animaux empaillés, des flèches empoisonnées de l’Oubanghi, de coquillages, de minéraux, d’armes, de pirogues, d’armures asiatiques, de massues et colliers du Québec ; ici le merveilleux, le bizarre, voire le monstrueux se côtoient. Une sorte d’aura mystique, d’une atmosphère magique, s’empare instantanément de chaque visiteur.
Une scénographie soignée. Au musée Sainte-Croix de Poitiers, une déambulation fait découvrir sept espaces différents, reflétant la diversification des cabinets de curiosités. Tantôt français, tantôt allemand, tantôt scandinaves, tantôt princier, chaque cabinet possède ses propres codes de compréhension, ses propres collections et ses propres manières de les conserver. Curieuse sensation de remonter le temps, et de percevoir les croyances et les coutumes d’un temps ancien. Ici, l’accumulation de ces objets permet de mieux comprendre la volonté de chacun de ses savants, collectionneurs, antiquaires, princes ou apothicaires, de mieux cerner le monde dans lequel ils vivaient. Imaginez qu’au XVIe siècle, il était bien rare de croiser un éléphant ou un crocodile dans une France de l’époque de la Renaissance. Ainsi, en ramenant des bêtes et bestioles en tout genre, toutes empaillées, les collectionneurs permettaient aux européens de mieux voyager au travers des autres continents en exploration. Ici, la scénographie a été soignée, présentant dans sept cases différentes une exploration insolite de ces objets diversifiés. Au détour d’un couloir, derrière une dernière vitrine d’un espace, guidé parfois par la voix d’un narrateur énumérant ses propres curiosités accumulées, le visiteur n’a de cesse de se faire surprendre. En créant ses espaces intimes, ici, le visiteur se sent bien, et aime flâner, voir toutes les pièces, jouer parfois à « où est le pélican, ou, où est le crocodile ? ». Cherchez bien, regardez au sol, aux murs, au plafond, tout est surprenant.
Au-delà de l’image de bric-à-brac, d’accumulation monstrueuse, presque désordonnée, au-delà de ces projections d’un monde ancien, les cabinets de curiosités ont toujours fasciné ou fascinent encore les artistes contemporains, par le potentiel de l’hybridation des animaux ou des objets.
Au final, cette exposition ravie, émerveille, enchante, surprend, déconcerte même parfois le visiteur, qui se voit projeter au milieu de curiosités extraordinaires.
Johnatan Savarit
L’intitulé de l’exposition temporaire ?
La licorne et le bézoard sont les pièces maîtresses des cabinets de curiosités des XVI et XVIIe siècles. Mais est-ce une réalité ? Cela a été prouvé, la corne de licorne n’existe que dans les rêves. Et pourtant on leur avait attribué des pouvoirs de guérisons. En réalité, ces cornes de licornes se révèlent être des dents de narval, cet espèce de mammifère vivant dans la mer ayant des dents extrêmement longues. Le Béozard, quant à lui, est le nom donné aux concrétions de l’estomac de quadrupèdes dont on attribuait également des vertus.